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Pierre-Édouard Stérin refuse de se présenter à la commission d’enquête, la justice saisie

Un homme en costume noir et chemise claire se tient debout dans un jardin avec une expression réfléchie.

Les 19 et 20 mai 2025 ont été marqués par un épisode politique majeur en France autour du milliardaire Pierre-Édouard Stérin, qui a une nouvelle fois refusé de se présenter devant la commission d’enquête parlementaire chargée d’examiner « l’organisation des élections en France ». Cette commission, présidée par Thomas Cazenave (Renaissance), s’intéresse notamment aux problèmes d’inscriptions sur les listes électorales et aux éventuelles défaillances des instituts de sondage lors des campagnes électorales.

Deux absences remarquées en moins d’une semaine

Pierre-Édouard Stérin, devenu milliardaire grâce à son entreprise de coffrets cadeaux Smartbox, est également l’initiateur d’un projet politique baptisé « Périclès » (Patriotes Enracinés Résistants Identitaires Chrétiens Libéraux Européens Souverainistes), visant à soutenir la droite libérale-conservatrice en France. Il s’était engagé à dépenser jusqu’à 150 millions d’euros sur dix ans pour influencer le débat public et appuyer certains candidats.

Le 14 mai 2025, il avait été convoqué pour la première fois par la commission d’enquête, mais sa chaise était restée vide. Malgré cette absence, il avait choisi de s’exprimer publiquement en visioconférence sur CNews depuis son domicile en Belgique, qualifiant sa convocation de « prétexte » destiné à des députés qui « ont juste envie de faire les marioles devant les caméras ».

Le 20 mai, pour la deuxième fois en moins d’une semaine, Pierre-Édouard Stérin a de nouveau snobé la convocation de la commission d’enquête, refusant de se présenter physiquement. Il a renouvelé sa proposition d’être entendu en visioconférence, proposition rejetée par les députés.

Réactions de la commission d’enquête et saisie de la justice

Face à ce refus répété, Thomas Cazenave a annoncé qu’il saisirait la justice. Il a déclaré qu’il adresserait dès le 20 mai un courrier au procureur de la République de Paris pour constater le manquement de Pierre-Édouard Stérin à ses obligations légales. En effet, selon l’article 6 de l’ordonnance du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires, toute personne dont la commission d’enquête juge l’audition utile est tenue de répondre à la convocation. Le non-respect de cette obligation est passible de deux ans d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende.

Thomas Cazenave a insisté : « Rien ne justifie que M. Stérin se place au-dessus des lois de la République. Rien ne justifie qu’il méprise l’Assemblée nationale et ses représentants. » Il a également précisé que le ministère de l’Intérieur était prêt à assurer la sécurité de M. Stérin, qui avait évoqué des « dizaines de menaces de mort » – une plainte contre X ayant été déposée le 19 mai au tribunal judiciaire de Paris.

Antoine Léaument, député La France insoumise et rapporteur de la commission, a estimé que Pierre-Édouard Stérin « essaie de jouer la montre », sachant que la commission est limitée dans le temps, pour se dérober à ses obligations. De son côté, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a demandé publiquement à M. Stérin de « respecter ses obligations, l’Assemblée nationale et son travail ».

Un projet politique controversé : « Périclès »

Le projet « Périclès » est un acronyme qui signifie « Patriotes Enracinés Résistants Identitaires Chrétiens Libéraux Européens Souverainistes ». Ce projet vise à fédérer et financer les forces de droite libérale et conservatrice en France, avec une forte dimension identitaire et souverainiste. Pierre-Édouard Stérin s’est présenté comme un catholique conservateur et libéral, en lien avec plusieurs personnalités politiques, notamment Eric Zemmour.

Ce projet fait débat, notamment à cause de son financement opaque et de ses ambitions d’influencer le débat politique à grande échelle. La commission d’enquête cherche à comprendre l’ampleur de cette influence et ses modalités, notamment en lien avec des campagnes électorales récentes.

Enjeux et perspectives

Le refus de Pierre-Édouard Stérin de se présenter devant la commission d’enquête soulève des questions importantes sur la transparence du financement politique en France et sur la capacité des institutions à faire respecter leurs prérogatives face à des acteurs puissants.

La saisine de la justice pourrait entraîner des poursuites pénales, mais aussi renforcer la pression politique et médiatique sur M. Stérin et son projet. Cette affaire illustre les tensions entre acteurs privés influents et institutions démocratiques, dans un contexte politique déjà marqué par de fortes divisions.

La commission d’enquête continue ses travaux, avec notamment l’audition prévue de François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l’Intérieur, le 20 mai à 13h15, pour éclairer d’autres aspects de l’organisation électorale.

Les 19 et 20 mai 2025 ont mis en lumière un épisode clé de la vie politique française : le refus répété de Pierre-Édouard Stérin de répondre à la convocation d’une commission d’enquête parlementaire. Ce refus, assorti d’une menace de poursuites judiciaires, souligne les difficultés à garantir la transparence et la responsabilité dans le financement et l’influence politique. Alors que la commission d’enquête s’approche de la fin de ses travaux, cette affaire reste un symbole fort des enjeux démocratiques actuels en France.

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