
Le lundi 28 avril 2025, les autorités américaines ont publié le rapport final d’autopsie de Gene Hackman, acteur légendaire décédé à l’âge de 95 ans. Rétrouvé sans vie le 26 février dans sa maison de Santa Fe, au Nouveau-Mexique, Hackman a succombé à une insuffisance cardiaque aggravée par une maladie d’Alzheimer avancée, selon le document médico-légal. À ses côtés, son épouse, Betsy Arakawa, âgée de 65 ans, est décédée d’un syndrome pulmonaire à hantavirus, une infection rare transmise par des rongeurs. Les corps, partiellement momifiés, ont été découverts après deux semaines de décomposition.
Né en 1930 en Californie, Eugene Allen Hackman s’engage dans les Marines à seulement 16 ans avant de se tourner vers le théâtre. Après un passage difficile à la Pasadena Playhouse, où il est jugé « peu enclin au succès », il parvient à percer à Hollywood grâce à Warren Beatty dans Bonnie and Clyde (1967). L’année 1971 marque son apogée : son rôle de Jimmy Doyle dans French Connection lui vaut l’Oscar du meilleur acteur. « Il a incarné une Amérique rugueuse, violente, mais profondément humaine », analyse la critique David Thomson.
Dans les années 1990, Hackman devient le partenaire fétiche de Clint Eastwood, notamment dans Impitoyable (1992), où son interprétation du shérif Little Bill Daggett lui vaut un deuxième Oscar. En 2004, il annonce sa retraite du cinéma, refusant des millions de dollars pour un retour dans Superman Returns . Installé au Nouveau-Mexique depuis les années 2000, Hackman vivait reclus avec son épouse, pianiste de formation.
Atteint d’Alzheimer, il portait un stimulateur cardiaque depuis 2019. L’autopsie révèle une acidocétose, une condition liée au jeûne, suggérant des jours d’errance dans la maison après le décès de Betsy. Bien qu’aucun signe de violence n’ait été relevé, un chien mort a été retrouvé sur place, probablement empoisonné par le même virus.
Plusieurs questions demeurent : pourquoi Betsy n’a-t-elle pas appelé les secours ? Son ordinateur montre des recherches frénétiques sur ses symptômes respiratoires. Hackman a-t-il tenté de survivre ? Son état cognitif avancé laisse penser qu’il n’a pas compris la gravité de la situation. Le mystère du hantavirus interroge également : la maison, située en zone rurale, était-elle infestée de rongeurs ?
Clint Eastwood lui rend hommage : « Personne ne jouait la colère avec cette intensité. C’était un monstre sacré modeste. » Francis Ford Coppola salue sa présence dans Conversation secrète , qu’il décrit comme « une tragédie grecque moderne ». Martin Scorsese résume : « Le cinéma perd son plus grand menteur. La vérité, c’est qu’on ne le remplacera jamais. »
Gene Hackman laisse derrière lui 79 films et un paradoxe : un homme qui fuyait les projecteurs, mais dont la mort a révélé l’opacité calculée d’une vie. « Jouer, c’est mentir vrai », disait-il. Son dernier rôle fut d’échapper à la vérité jusqu’au bout. Les funérailles privées auront lieu en Californie, tandis qu’une rétrospective est prévue au Museum of Modern Art de New York.